Les enjeux du libre passage
Alexandre Genet
Planificateur Financier, Bordier & Cie
Lorsque l’on quitte un employeur, on est parfois confronté à des décisions financières inédites. Lors d’un arrêt de travail prolongé, on doit transférer son avoir de prévoyance professionnelle de la caisse de pension de l’employeur vers une fondation dite de libre passage. L’avoir en question sera ainsi placé plusieurs mois, voire plusieurs années, sur un compte dédié, avant d’être à nouveau transféré vers la caisse de pension d’un employeur, ou avant d’être retiré en cas de retraite anticipée.
Partant du principe que ce capital ne restera pas longtemps sous la forme d’un compte de libre passage, nombreux sont les titulaires qui font le choix de parquer leur capital dans des fondations de libre passage « classiques » offrant des taux d’intérêt quasiment nuls. On parle actuellement de 0.01% par an dans certaines banques. Soit une rémunération nettement plus faible que celle qui était pratiquée dans la caisse de pension alors que l’on était salarié. Ces dernières années, on observe régulièrement près de deux points de pourcentage d’écart, entre la rémunération annuelle globale d’un avoir deuxième pilier d’une caisse de pension, et celle d’un avoir de libre passage placé aux taux d’intérêt proposés par les banques.
Or, si la durée de placement de l’avoir de libre passage excède un an, il devient légitime de cibler un rendement décent afin que ce capital continue de produire des intérêts, comme il le faisait dans la caisse de pension.
« L’effet des intérêts composés est fondamental dans le processus de capitalisation en vue de la retraite.»
Il est important de choisir une stratégie d’investissement conforme à ses objectifs, et à son horizon de placement. On investira son avoir de libre passage sur les marchés financiers, et plus précisément dans des classes d’actifs qui génèrent du rendement, avec bien entendu, les conseils avisés d’un gérant de fortune. La stratégie choisie sera par exemple défensive (avec environ 25% d’actions dans le portefeuille libre passage) si l’horizon de placement est relativement court et/ou si l’aversion au risque du titulaire est importante. La banque Bordier est d’ailleurs partenaire de trois fondations de libre passage distinctes. Elle joue le rôle de banque dépositaire et de gérant de fortune pour les affiliés de ces fondations.
Lorsque l’on quitte un emploi salarié, il est possible de diviser en deux (et pas davantage) son avoir de prévoyance professionnelle afin de le verser dans deux fondations de libre passage distinctes. Il n’est pas permis de verser l’avoir de prévoyance sur deux comptes de libre passage se trouvant dans la même fondation. Une institution de libre passage peut tout de même détenir plusieurs comptes pour une même personne, pour autant qu’ils aient été constitués à l’occasion de cas de libre passage différents. L’affilié peut bien entendu en tout temps changer de prestataire : fondation et/ou banque dépositaire selon les cas.
Si l’on reprend un emploi après une interruption, on est tenu de verser l’ensemble des prestations de libre passage existantes dans la nouvelle institution de prévoyance de son employeur. Un éventuel surplus de capital ne peut rester sur un compte de libre passage que si ce capital dépasse les prestations réglementaires complètes.
Diversification
Lorsque l’avoir capitalisé est important, le fait d’ouvrir deux comptes de libre passage (plutôt qu’un) permettra au titulaire de bénéficier de deux stratégies d’investissement différentes. Ces deux comptes pourront également être retirés de manière séquencée pour par exemple faciliter le financement de la retraite. En effet, contrairement à un compte d’épargne classique, un compte de libre passage ne peut pas être retiré de manière partielle. Par ailleurs, le fait de retirer deux avoirs de libre passage sur deux années fiscales distinctes peut, dans certains cas, apporter un avantage fiscal au détenteur puisque la progression de l’impôt sera limitée du fait du retrait de deux montants moins élevés. Ajoutons que le libre passage constitue une part de fortune qui est libre d’impôt tant qu’elle n’est pas retirée. Part dans laquelle il est judicieux de détenir des titres (actions ou obligations) qui dégagent un rendement (dividende ou coupon) non soumis à l’impôt sur le revenu.
"*" indicates required fields
Cet article fait partie du Conseil patrimonial global du mois de juin 2020, lire aussi :